SOUVENIRS : Serge Koolenn, musicien « Il était une fois » à Saint-Tropez

Vivant dans le Sénonais, Serge Koolenn raconte son coup de foudre pour Joëlle, la blonde chanteuse des inoubliables « Il était une fois ». Deux filles marchent, mèches au vent, sur le port de Saint-Tropez. Une brune, une blonde, à l’allure de femmes plus que de midinettes. La première, Dominique, a 15 ans, la seconde, un de plus. Elle s’appelle Joëlle. Ces deux frangines, joli cœur, chauffent leur adolescence au soleil de 1968. Cet été là, sous les pavés la plage. « Saint-Trop » reste fréquentable. La jet-set, les yacht, les paparazzi n’ont pas vampirisé la côte d’Azur. La caricature est pour plus tard. Le port a déjà ses vedettes. Sur mer, sur terre. Immobiles et magnifiques au mouillage. Mécaniques qui roulent leur
peau ambrée vers les terrasses des bistrots chics. Saint-Tropez fait la roue, mais les voitures circulent encore devant les célèbres sièges en toile rouge de Sénéquier, le café du « show-biz ». Passe une Ford-Mustang. A l’intérieur, des brailleurs aux cheveux longs. Les gars forment un orchestre, Les Jelly Roll.
Chaque soir, ils enflamment Le super star, une boîte à la mode. Le groupe « mâte » les deux filles. L’un d’eux, beau gosse brun, hèle la blonde, qu’il trouve « splendide » : « Est-ce que tu veux te marier avec moi? » La demoiselle sourit. Ses lèvres s’entrouvrent sur deux canines saillantes.

Son « oui! » ne franchira jamais la porte d’une mairie, mais annonce une des plus belles histoires de la chanson française. « La belle et les quatre copains » « Si je branche l’autre, “Il était une fois”, c’est fini! » s’amuse Serge Koolenn, dans sa maison de Michery, près de Sens. Il l’a achetée avec la blonde de « Saint-Trop » et l’habite régulièrement depuis 1986.

Trente ans après, le leader d’un groupe de variété légendaire raconte son coup de foudre pour Joëlle Mogensen. « Il était une fois » est né là, de la rencontre de cette fille fine et magnétique, étudiante en arts à Marseille et de ce guitariste de Polnareff, joyeux fêtard de Colombes, auteur de textes qui font mouche. Tous les adolescents des années soixante-dix ont chanté « J’ai encore rêvé d’elle », « Que fais-tu ce soir après dîner? » « Rien qu’un ciel » ou « Les filles du mercredi ». Avec Richard Dewitte, le frisé batteur, qui signe les musiques, Serge Koolenn et Joëlle sont les stratèges d’« Il était une fois ».
Pendant sept ans, la formation enchaîne les succès, les tournées, les distinctions, les télés, les articles dans les magazines. « La belle et les quatre copains » — un temps, ils seront cinq — électrise une génération de garçons et de filles. Les adolescents ont la bénédiction de leurs parents, qui fondent sous les manières lissées de ces vedettes à bonnes mines. Elles tranchent avec les extravagances du « flower power ». « Il y a de belles chansons et je m’en vante » « Pile dans la plaque! » pense Serge Koolenn. « On a eu la bonne idée de renouer avec le costume de scène et de se laver les cheveux. On aimait être propres et faire marrer les gens. Quand j’écoute “Il était une fois”, je me dis qu’il y a de p… de belles chansons et je m’en vante. C’est d’ailleurs le seul moment où je me vante de quelque chose. »

A 54 ans, le musicien s’apprête à produire « Les filles du mercredi », avec son ami et ex-claviers d’« Il était une fois », Jean-Louis Dronne. Ce duo est composé de Leslie… Dronne, 15 ans et Kim… Koolenn, 18 ans.
Leurs deux filles chantent (presque) tous les tubes du groupe dans un medley prévu à l’automne. Il devrait remporter pas mal de succès, comme les deux compilations éditées il y a quelques années, consacrées double disque d’or et disque de platine.
De quoi entretenir la nostalgie d’une époque bénie. Un sentiment que réfute Serge Koolenn. « Quand les souvenirs te font plaisir, ça n’est pas de la nostalgie ». Même s’il lui arrive de rêver d’« elle » et de cette histoire. Sans avoir rien fait pour ça.

Article de L'Yonne Républicaine du 6/08/2001

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