Après le groupe, Joëlle a fait quelques disques en solo de 1980 à 1982 (Tu sonnes, Homme impossible, Aime-moi), chez Barclay.
Elle était dans la bande qui gravitait autour de Hallyday...A cette époque, certaines personnes lui ont fait connaître autre chose que la coke...

Encore plus fort ?
Comment croyez-vous qu'elle a découvert l'héroïne ? Ce n'est pas nous qui lui avons montré ça. C'est cette bande, j'en suis sûr.

Tu avais toujours des contacts avec elle à cette époque ?
Non, non. On s'est croisé une ou deux fois sur des plateaux radios, c'es tout. C'était très superficiel. J'étais parti dans mon truc, elle dans le sien. Je sentais qu'elle n'avais pas trop envie de se rappeler le passé.

Aviez-vous des rapports plus profonds auparavant ?
La dernière année, oui, mais par crise. Joëlle se confiait surtout dans sa voiture, la nuit, dans la pénombre. Elle se vidait pendant six ou sept heures de route.

Penses-tu que s'il n'y avait pas eu la drogue, "Il était une fois" aurait continué et Joëlle serait toujours en vie ?
Oui, je le pense. Il aurait juste fallu calmer un peu Serge qu'on avait surnommé Adolf, tellement il était devenu dictateur... Heureusement qu'à l'époque j'étais très introverti, je ne mouftais pas. Il aurait la même attitude aujourd'hui, ça pèterait. Depuis qu'on se revoit, je lui ai dit ses quatres vérités.

Cela n'a jamais été le cas à l'époque du groupe ?
Non, non.

Comment as-tu commencé en solo ?
A la fin du groupe, j'ai resigné tout de suite avec EMI pour un album solo.

Tu as beaucoup enregistré : un album et une dizaine de 45 tours entre 1980 et 1988, alors que Serge Koolenn a fait deux albums et quatre 45 tours produits par dick Rivers et entre 1980 et 1982...
Je suis resté cinq ans en solo chez EMI, c'est là que j'ai fait tous mes disques, sauf un 45 tours sorti en 1986 chez Ariola.

Qui était ton producteur ?
Laurent Thierry-Mieg, mais je n'ai jamais gagné de royalties avec mes disques solos. Seuls, les galas me faisaient vivre.

Tu n'a jamais été producteur, même pas éditeur ?

Producteur, jamais. Editeur, oui, j'ai ouvert un catalogue.

Il parait que ton album solo a bénéficié de deux pressages ?
Oui, un an après sa sortie, on a rajouté Elle aimai le sud, dont j'avais vendu environ 100.000 45 tours, et qui était très inspiré des Korgis (Everybody's got To Love Somebody Sometimes). C'est mon seul succès solo. Je le chante toujours.

Qui en avait écris le texte ?
Didier Barbelivien à qui j'ai fait refaire le texte quatre fois. Le premier parlait d'un flipper (rires), je le sentais pas du tout ! Avec le texte définitif, j'ai même eu un problème avec RTL qui m'a demandé de changer Nom de Dieu en Sit u veux... J'ai enregistré une version que finalement, ils n'ont même pas passée !
J'ai jamais compris pourquoi Monique Le Marcis ne m'aimait pas. Heureusement que RMC était là !

Dans tes auteurs de 1980 et 1988, on trouve aussi Marie Casanova, la complice de Charles Dumont, Karim Kacel... Tu n'étais pas fidèle à Barbe ?
Non.

Dans tes singles, on trouve la chanson d'un dessin animé d'Antenne 2 en 1982 : Spectreman. C'était alimentaire ?
Oui complètement, car j'avais demandé de signer la face B du disque pour récupérer des droits. Et en plus, on en a vendu !

Tu es même allé à l'étranger ?
Oui, j'ai fait le festival Yamaha àTokyo en 1982 avec Céline Dion que j'ai connu au Québec quand elle avait 15 ans.

Ton avant dernier 45 tours sort chez Ariola en 1986, et le dernier chez EMI en 1988, mais qui produisait ?
Didier Barbelivien et Bernard Estardy chez Ariola. On n'a pas eu de chance, car on y était quand ils se sont casés la gueule. Chez EMI, c'est Jean-Jacques Souplet qui m'a produit à sa grande époque a produit Jeanne Mas et Gérard Blanc.
Là aussi, quand mon disque est sorti, Souplet a eu des embrouilles...

Avec Fou jusqu'au bout, Souplet t'a quand même payé un clip ?
Oui, le deuxième après Quand je slove qu'avait produit EMI (1984)

Qui t'as payé tes deux derniers CDS singles et ton CD Maxi en 1992 et 1994 distribués par King's Music et Trema ?
Michael Bijaoui, mais ils ne sont pas sortis en commerce. C'était des extraits d'un album qui aurait dû sortir, mais comme ce producteur était surtout dans le cul (minitel rose...), après avoir payé l'enregistrement de tout l'album - avec des textes d'Alain Turban, de Frédéric Zeïtoun... -, il a revendu les bandes à Jean-Claude Valette... qui n'en a pas fait grand chose... J'ai été dégouté. surtout que deux ans après, je suis allé frapper à toutes les portes avec plein de maquettes, personne n'a été intéressé. On m'a bien fait comprendre que j'étais trop vieux.

Si un jour, un producteur te propose de faire un nouveau disque ?
Non, non. Je n'ai plus envie. Je ne vais pas faire un album à 60 balais ! La seule chose qui compte aujourd'hui, c'est que ma famille ait de quoi vivre.

Toi qui as joué dans Les Misérables, que penses-tu des comédies musicales ?
Je n'ai pas joué dans Les Misérables, j'ai juste enregistré le double album, car, physiquement, ils voulaient un grand brun romantique, moi, j'étais un petit gros frisé...

Tu revois Gaillardin ou Riquet ?
Très peu.

Ou même les membres éphémères du groupe : Christian Burger, Bruno Walter ?
Non, car c'est eux , il y a eu des ruptures. Christian Burger lui ne voulait pas être célèbre, ça lui faisait peur. Il a préféré retourner s'occuper des jeunes délinquants.

Daniel Schnitzer ?
Lui, ça a été vraiment une cassure, car il nous a fait des embrouilles, des procès... Après nous, il a travaillé dans des bals. Quant à Bruno Walter, il était gentil, mais la vie nous a séparé. Moi, je suis gémeaux, j'aime le changement, ça doit venir de là. Par exemple, Jacques Mercier qui a été notre chanteur à l'époque des Meks, puis des Jerry Rolls au Golf Drouot, et qui a ensuite fait partie de Dynaistie Crisis, je ne l'ai revu que pour quelques boeufs avec Riquet. On s'appelle rarement. Je crois que c'est du au fait que je suis loin de Paris. Quand j'habitais Cours de Vincennes, j'étais toujours avec des potes, au resto, en boîte...

Pourquoi t'être installé aujourd'hui tout près de Milly-La-Forêt ? Tu y as tes racines ?
Pas du tout, car je suis né en banlieue, à Colombes. Ensuite, j'ai habité longtemps au centre de Paris, Cours de Vincennes, également Porte de St-Ouen, mais maintenant la ville me pèse : les gens y sont agressifs, ça pue, les rues sont tout le temps bouchées...

Comme j'ai la chance de ne pas avoir l'obligation d'aller au bureau tous les matins, je vis dans la forêt et je vais à Paris pour mes rendez-vous. C'est ma deuxième maison dans la région. La première était plus petite. Elle me suffisait quand j'étais seul avec une copine.
Mais, il y a quelques années je me suis marié et j'ai eu deux enfants. Pour eux, ici, c'est l'idéal, ma fille va à l'école en face de la maison et mon fils aîné, qui a eu 13 ans le 8 janvier, est au collège à Milly.

Finie la vie de célibataire ?
Il a fallu faire un choix. C'est vrai que, comme ma femme travaille toute la journée, je dois m'occuper plus des enfants. Je ne peux donc pas partir où je veux quand je veux. Du temps du groupe, où on était 200 jours par an sur les routes, cela aurait été compliqué...

Quel a été le premier disque que tu as acheté ?
Le 45 tours de Bill Haley Rock Around The Clock. C'était vers 1956, j'avais dix ans. J'avais commencé à faire de la musique un an auparavant quand des voisins qui voulaient se débarrasser d'un piano, au lieu de le donner à Emmaüs, nous l'on offert. C'est là que j'ai tout appris à l'oreille. Ensuite, j'ai découvert les Shadows au Lido Musique ou au Discobole sur les Champs. Vers 1960, je me suis mis à la batterie et Serge à la gratte pour faire comme nos idoles anglosaxonnes. Je n'ai jamais acheté un 45 tours français. après le choc Bill Haley, le choc Shadows, mon troisième choc a été celui des Beatles, suivis des groupes californiens : Crosby Stills Nash and Young, Eagles... J'ai dû voir des milliards de concerts de ces groupes quand ils passaient à Paris.

Tes parents connaissaient la musique ?
Ma mère avait été chanteuse d'opérette avant de se marier et mon père jouait un peu d'accordéon. Elle faisait même des tournées et a tout arrêté au mariage, car mon père - ouvrier chez Hispano Suisa - ne voulait pas entendre parler de ça.

Pourquoi la musique anglo-saxonne plutôt que l'opérette ?
Question de génération. En plus, un de nos guitaristes à l'époque, qui était étudiant ingénieur en céramique, allait souvent voir sa famille aux Etats-Unis, et nous ramenait des disques. Et surtout le chef d'orchestre des Piteuls et des Jerry Rolls, Riquet Séré travaillait à mi-temps dans une agence de voyage américaine où son patron, Mr Taylor, lui rapportait tous les derniers disques de New-York.

Tu as enregistré des disques avant "Il était une fois" ?
Avec les Piteuls et les Jerry Rolls, on tournait beaucoup. Finalement, on a enregistré deux ou trois disques sous le nom des Jerry Rolls, car, avant, à l'époque Piteuls, comme on était un groupe attractif, imitant les Beatles, les Stones et les Kinks, ça n'avait aucun intérêt discographique.

"Il était une fois" a chanté Je n'ose pas lui dire bonjour en pensant à Félix Marten qui - sur le retour - un soir au ST-Hilaire fût ignoré par des jeunes artistes. Vous avez vécu ça dans les années 90 ?
Non... Même si j'ai pensé quelque fois que cette chanson pouvait êtr auto-biographique. Je me suis dit souvent que j'allais devenir un vieux has-been. Cependant, j'ai la chance d'avoir appartenu à unn groupe dont on parle toujours 25 ans après .Qaund aujourd'hui, je fais des dédicaces, j'apprécie beaucoup plus qu'il y a 25 ans, car ça tient du miracle. Je ne sais pas si dans 25 ans, Lara Fabian ou Yannick feront encore des dédicaces... Je dis "Merci mon Dieu", car moi et ma famille on vît grâce à ce passé...

Les droits de la SACEM ont grossi depuis 1992 ?
Oui. Il faut dire que dans les années 80, ça n'était pas brillant.

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