A partir de 1976, après Je suis mélodie qui ne marche pas, le groupe semble moins chanter tes compos préférant celles de Lionel, comme C'est comme ça que je m'en vais en 1975, (repris en 1977), Mescalino en 1979... Et ce dernier te remplace comme chanteur pour Tourne la page en 1977, qu'on trouve dans le coffret en anglais...
D'abord, Lionel s'y est mis petit à petit car je n'arrivais plus à fournir. Il fallait tout le temps des nouvelles chansons, le tube d'été, le tube d'hiver... Ensuite, il y a eu un blocus sur tout ce que j'écrivais. C'est là que j'ai décidé de partir.

Les influences de Lionel étaient les mêmes que les tiennes ?
Pas du tout. Moi, j'aimais le côté vocal, lui les musiciens comme James Taylor, Eric Clapton, Jeff Beck... Queen qu'il m'a fait découvrir et que ma femme adore d'ailleurs.

La vague Disco à partir de 1977 a dû vous faire du tort...
C'est vrai qu'on aimait pas ça. Sauf les Bee Gees. Patrick Juvet ou Patrick Hernandez, ça nous gonflait vraiment. C'était trop pistache-piston.

Je suis passible de la peine d'amour - que tu as composé - est quand même un disco ?
L'arrangment est disco, mais moi, je n'ai jamais composé ça comme ça. A l'origine, ce n'est pas un disco. Quand on commence à se plier aux impératifs de la mode, ce n'est jamais bon. Heureusement que ce titre (Ndrl : une face B) n'a pas marché.

On a l'impression que quand ça marche moins, vous êtes prêts à tout... Joëlle pose même nue dans LUI en 1977, au moment de l'Olympia...
C'était un coup médiatique qu'on avait refusé plusierus fois. Finalement, c'est le photographe Giacometti qui nous a persuadés. Il faut dire que LUI, était lu par des millions de gens, que c'était quand même plus classe que ICI PARIS, que Joëlle - malgré ses oeufs au plat - était une belle fille et qu'on a choisi les photos qui allait être publiées... Ce n'était pas vulgaire.

C'était une provocation ? Vous vouliez évoluer ? Vous en parliez entre vous ?
Pas vraiment, car on était trop dans l'instant présent.

Vous n'avez jamais eu envie de chanter un texte un peu plus fort ? Mescalino en 1979 évoquait la drogue...
Je ne sais même pas si le public l'a compris.

La cassure du groupe a été brutale ou progressive ?
Progressive. Entre Serge et Joëlle, ça allait de moins en moins. Du coup Joëlle ne bouffait plus pour ne pas prendre un gramme et ça lui tapait sur les nerfs. Elle se mettait de plus en plus de Coke dans le nez. Serge picolait de plus en plus, Lionel fumait de plus en plus de pétard... Avec Loulou, on était les deux seuls à être clean sur scène.
Je me souviens d'un podium Europe 1, où on a commencé le spectacle à trois, Serge et Lionel éatient resté au resto... Je vous passe les scandales dans les hôtels où Joëlle faisait une crise pour avoir du fromage à trois heures du matin. Une nuit, comme le veilleur de nuit n'avait pas les clefs des cuisines, Joëlle a tout viré du comptoir, la police a débarqué, Serge, grande gueule, ne faisiat rien pour arranger les choses...

C'était pénible, même si je ne crois pas que cela soit de la faute de Joëlle. C'était une pauvre gosse. Ce qui n'empêche pas que les derniers galas ont été un enfer .Pour moi, c'était comme partir à l'usine. En studio, c'était pareil : il n'y avait plus la foi, donc on mettait quatre heures pour trouver deux malheureux choeurs. Quelquechose était cassé, brisé...

Votre contrat avec Pathé s'est terminé quand ?
Le premier contrat était de trois ans et il éatit reconduit tacitement tous les trois ans. Je me souviens qu'on aurait du resigner en 1979.

Joëlle avait raconté qu'il y avait eu aussi un renouvellement en septembre 1976 après Toi et la musique ...
Cette chanson que j'ai composée, on aurait peut-être pas dû l'enregistrer (rires). Le texte était vraiment trop pouët-pouët, la musique et l'arrangement, c'était rien. En tout les cas, c'est fin 1979 que moi j'ai dit : "J'arrête". J'étais fatigué physiquement et moralement. Après huit ans à vivre en groupe, je voulais voir autre chose.

Ta vie privée a souffert du groupe ?
Je n'avais pas de vie privée ! On avait tous des copines qui ne duraient pas. Sauf moi, qui en ai eu une qui a duré une bonne dizaine d'années.

Toi qui a longtemps nié la drogue, qu'as-tu pensé de l'artcile sur Joëlle dans Paris-Match, l'été dernier ?
Ça ne sert à rien de vouloir cacher les choses au bout de 30 ans !

Mais le rapport d'autopsie de Joëlle - que nous avons vu - n'évoquait pas la drogue...
Si, si Joëlle est morte d'une overdose, absolument. C'est comme pour Joe Dassin. Il faut arrêter de se voiler la face.

Tu as vu Joëlle commencer à prendre de la drogue ?
C'est surtout pendant la dernière année du groupe qu'elle a commncé à prendre des trucs. Cela a démarré quand on a fait l'Olympia en co-vedette avec Dassin. Ce dernier avait quitté sa première femme, Maryse et rencontré Christine... Avant, Joëlle était toujours à l'heure, toujours clean, d'une sobriété exemplaire.

Joëlle était si influençable ?
La première fois, elle a dû se trouver dynamisée sur scène... Elle a donc recommmencé dix jours plus tard...

Tu as vu la rpogression de la drogue dans sa vie...
Oui, bien sûr. Plus sa liaison avec Serge se dégradait, plus elle allait dans la coke et plus, lui allait dans la picole.

Serge Koolenn ne l'a pas suivie dans la coke ?
Non. Serge ne supportait pas ça. Ça le mettait hors de lui. Il a commencé à lui mettre des tartes devant tout le monde. Je me souviens que lorsque nous étions aux Etats-Unis (Ndrl : Février 1978), Joëlle a même avalé un tube entier de barbituriques pour se foutre en l'air.

C'est là que vous enregistrez le dernier tube du groupe, Pomme en 1978 ?
Oui, l'arrangement de Pomme est d'ailleurs très classe. Nous avons enregistré ce titre à Bogulosa en Louisiane, ainsiq ue tout un album, car un correspondant nous avait organisé notre séjour là-bas. Nous avions même pris un arrangeur anglais et des musicens américains, car nous ne pouvions emmener Jean Musy et son équipe.
Notre groupe ne joue même pas sur ce disque, alors que nous avons passé un mois aux USA. Ce voyage avait surtout pour but, de nous ressouder et de nous faire changer d'air. D'autant plus, que si j'étais allé avec Polareff en Amérique du Sud, je ne m'étais jamais rendu aux USA.
On en a profité pour faire les guitares à Nashville, les mixes à Los Angeles...
L'album a dû couter à EMI un million à l'époque ! Mais c'était aussi un truc de prestige : Tony Frank et Gill Paquet étaient venus pour faire les photos et s'en servir pour la promo.

On a lu que dans l'ordre des préférences de Joëlle pour les membres du groupe, tu arrivais le dernier ?
Non, non... Il y en avait deux vers qui elle se tournait quand ça n'allait pas, c'est Lionel et moi. Souvent au lieu de monter dans la voiture de Serge, elle montait dans la nôtre.

L'amour que lui portait le public ne l'a pas aidée ?
Non, non.

Ni celui de sa famille ?
Heureusement qu'il y avait ses soeurs, son père et sa mère. D'ailleurs sa mère ne s'en remettra jamais.

Après le groupe, Joëlle a fait quelques disques en solo de 1980 à 1982 (Tu sonnes, Homme impossible, Aime-moi), chez Barclay. Elle était dans la bande qui gravitait autour de Hallyday...
A cette époque, certaines personnes lui ont fait connaître autre chose que la coke...

Encore plus fort ?
Comment croyez-vous qu'elle a découvert l'héroïne ? Ce n'est pas nous qui lui avons montré ça. C'est cette bande, j'en suis sûr.

Tu avais toujours des contacts avec elle à cette époque ?Non, non. On s'est croisé une ou deux fois sur des plateaux radios, c'es tout. C'était très superficiel. J'étais parti dans mon truc, elle dans le sien. Je sentais qu'elle n'avais pas trop envie de se rappeler le passé.

Aviez-vous des rapports plus profonds auparavant ?
La dernière année, oui, mais par crise. Joëlle se confiait surtout dans sa voiture, la nuit, dans la pénombre. Elle se vidait pendant six ou sept heures de route.

Penses-tu que s'il n'y avait pas eu la drogue, "Il était une fois" aurait continué et Joëlle serait toujours en vie ?
Oui, je le pense. Il aurait juste fallu calmer un peu Serge qu'on avait surnommé Adolf, tellement il était devenu dictateur... Heureusement qu'à l'époque j'étais très introverti, je ne mouftais pas. Il aurait la même attitude aujourd'hui, ça pèterait. Depuis qu'on se revoit, je lui ai dit ses quatres vérités.

Cela n'a jamais été le cas à l'époque du groupe ?
Non, non.

Comment as-tu commencé en solo ?
A la fin du groupe, j'ai resigné tout de suite avec EMI pour un album solo.

Tu as beaucoup enregistré : un album et une dizaine de 45 tours entre 1980 et 1988, alors que Serge Koolenn a fait deux albums et quatre 45 tours produits par dick Rivers et entre 1980 et 1982...
Je suis resté cinq ans en solo chez EMI, c'est là que j'ai fait tous mes disques, sauf un 45 tours sorti en 1986 chez Ariola.

Qui était ton producteur ?
Laurent Thierry-Mieg, mais je n'ai jamais gagné de royalties avec mes disques solos. Seuls, les galas me faisaient vivre.

Tu n'a jamais été producteur, même pas éditeur ?
Producteur, jamais. Editeur, oui, j'ai ouvert un catalogue.

Il parait que ton album solo a bénéficié de deux pressages ?
Oui, un an après sa sortie, on a rajouté Elle aimai le sud, dont j'avais vendu environ 100.000 45 tours, et qui était très inspiré des Korgis (Everybody's got To Love Somebody Sometimes). C'est mon seul succès solo. Je le chante toujours.

Qui en avait écris le texte ?
Didier Barbelivien à qui j'ai fait refaire le texte quatre fois. Le premier parlait d'un flipper (rires), je le sentais pas du tout ! Avec le texte définitif, j'ai même eu un problème avec RTL qui m'a demandé de changer Nom de Dieu en Sit u veux... J'ai enregistré une version que finalement, ils n'ont même pas passée !
J'ai jamais compris pourquoi Monique Le Marcis ne m'aimait pas. Heureusement que RMC était là !

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